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Mon ado est nul en math – Les conseils de Fred

Votre ado est nul en math et vous ne savez pas comment l’accompagner ?

Aujourd’hui, sur le blog, je suis en compagnie de Frédéric Armanet.

Frédéric a un Doctorat en automatique, il a travaillé pendant 15 ans dans l’indusrie. Il a finalement fait le choix de quitter ce monde de l’industrie pour se rapprocher des plus jeunes.

Il a d’abord été vacataire dans les collèges et lycées avant de se consacrer entièrement au soutien scolaire notamment dans les matières scientifiques.

J’aime beaucoup l’approche de Frédéric qui démystifie les mathématiques et je me suis dit que sa vision des sciences pourrait également vous intéresser et vous aider pour l’accompagnement de vos ados.

UAALM : Bonjour Frédéric. Alors, as-tu le pouvoir de faire aimer les maths à tes élèves ?

Frédéric : Non non, je n’ai pas ce pouvoir ! La problématique n’est pas d’aimer ou de ne pas aimer les maths. Certains vont aimer et d’autres non.

En fait, on cherche à permettre aux élèves de retrouver confiance. Il y a différentes raisons qui font que l’élève n’a pas confiance. Souvent, un élève n’a pas confiance parce qu’il ne sait pas à quoi servent les maths. Ils veulent que les maths servent absolument à quelque chose pour bien vouloir l’apprendre et se mettre au travail.

UAALM : Que réponds-tu à ces élèves qui cherchent à savoir à quoi servent les maths ?

Frédéric : Je leur explique que peu importe à quoi ça sert ! Les maths, ça ne sert à rien. Franchement, le théorème de Pythagore, ça te sert à quelque chose ? Ça t’a servi dans ta vie ? Une petite partie de la population va s’en servir mais c’est tout.

Il y a un principe qui est simple pour redonner confiance à quelqu’un c’est de ne pas lui mentir.

Même si tout le monde à un rapport différent avec la matière, tous, à un moment donné, on était soumis à une part de mensonge.

UAALM : Qu’est-ce que tu entends par une part de mensonge ?

Frédéric : Par exemple, quand un professeur dit qu’il est absolument indispensable de faire telle ou telle chose. C’est un mensonge. Un élève peut très bien vivre sans avoir appris telle ou telle notion. Sa vie n’est pas foutue pour autant.

Les jeunes que j’accompagne ont envie de réussir, de satisfaire leur besoin ou leur parent et ils sont sur cette problématique qui leur met la pression.

A partir du moment où on les accompagne à construire ce qui leur semble vrai, ça va déjà beaucoup mieux.

UAALM : Comment fais tu pour reconstruire une vérité ?

Frédéric : Par exemple, les jeunes vont dire “c’est difficile”. Je leur explique que la chose n’est pas difficile par elle-même. Elle n’est ni facile, ni difficile. C’est la perception qu’ils en ont qui fait qu’ils se retrouvent en difficulté. C’est notre perception qui rend un objet difficile ou facile à réaliser.

Alors, la raison peut venir d’un manque de technique. Dans ce cas, on apprend la technique et on va s’entraîner à la faire jusqu’au bout.

50 % des difficultés en maths viennent du fait que les élèves ne comprennent pas la technique des fractions. Vive le collège !

Donc on apprend la technique des fractions et cela permet de débloquer de nombreuses situations. Ils sont contents parce que cette chose là qu’ils ne savent pas faire depuis des années, en 10 minutes c’est réglé.

Quand j’entends “je n’y comprend rien en maths” je leur réponds “il n’y a rien à comprendre”. Il y a des choses à apprendre.

UAALM : Comment fais tu pour leur donner envie d’apprendre ?

Frédéric : Je leur explique que les maths c’est un langage, une écriture et il faut le gérer en tant qu’écriture. Partant de là, quelqu’un qui dit être littéraire n’aura pas de souci. Les maths sont un jeu d’écriture, d’équivalence, c’est un langage extrêmement efficace et précis. Quatre signes écrits permettent d’exprimer une phrase longue.

A la place des mots on a des symboles et les syllabes sont placées les unes derrière les autres pour former un sujet, un verbe et un complément. Par exemple une équation A = 3x + 4,et bien, le sujet c’est A, le verbe c’est = et le complément c’est la somme de 3 éléments de x auquel on vient rajouter 4.

Donc sujet, verbe complément !

UAALM : Finalement, tu parles aux “littéraires” dans leur langage.

Frédéric : Exactement. Et si ta phrase n’a pas de sujet elle ne veut rien dire ! Ensuite il y a des règles de grammaire qui sont précises. Comment puis- je passer le 4 de l’autre côté ? A – 4 = 3 * x

Enfin, on va transformer la phrase pour avoir la solution de l’équation en appliquant toutes les règles et on obtient x = A – 4 / 3.

En procédant de cette façon, l’élève se rend compte qu’il sait résoudre une équation !

Une grosse partie de mon travail consiste à rééduquer le langage. C’est-à-dire l’association entre ce qu’on entend, ce qu’on dit et ce qu’on veut penser sur le langage. La façon de l’apprendre et la façon de la traduire par cette écriture. On apprend à réécrire et à respecter le protocole d’écriture.

Malheureusement rares sont les profs de maths qui apprennent ça aux élèves. Les élèves ont l’impression d’apprendre des notions les unes derrière les autres sans cohérence parfois.

Je les vois tous en train de surligner leur feuilles de cours. Alors ils surlignent une ligne de formule mais c’est toute la phrase qui donne le sens ! Si on oublie trois mots devant et quatre mots derrière, ça ne veut rien dire.

UAALM : C’est intéressant cette idée d'appréhender les maths comme un langage.

Frédéric : Ils veulent tous des formules. Mais il n’y a pas de formules mathémagiques ! Donc on reprend : on commence par reconnaître la forme qu’a la formule.

Ce n’est pas une formule mathémagique, c’est une forme. Et parce que j’ai une certaine forme alors je peux appliquer telle propriété, telle règle de grammaire.

C’est comme en français ou dans n’importe quelle langue, les phrases ont une forme affirmative, interrogative, négative et on ne place pas les mots de la même manière pour former la phrase.

Donc finalement, à quoi servent les maths ? Ils servent à manipuler les idées pour construire une rhétorique précise et logique. Cela contribue à permettre d’apprendre à avancer des arguments. Donc apprendre le théorème de Pythagore, ce n’est pas une fin en soi.

Par contre, en apprenant le théorème on apprend à poser un raisonnement qui va servir à l’élève le jour où il sera avocat et qu’il devra défendre une cause. Il va chercher des arguments dans les textes et apprendre à construire une rhétorique.

Si je veux être pharmacien, je ne vais pas me servir du théorème de Pythagore mais grâce à Pythagore j’ai appris à poser des hypothèses, à les assembler, à vérifier que ces hypothèses correspondent à un théorème et donc appliquer le résultat du théorème.

UAALM : Comment tu fais quand les jeunes sont parfois “tétanisés” à la seule idée de voir des chiffres ?

Frédéric : J’utilise beaucoup les images. Par exemple avec un jeune je lui ai parlé de quad et de piste. Ou encore, je remplace les chiffres par des images ou des formes géométriques comme des carrés, des ronds. L’idée est que le jeune ne travaille pas avec des chiffres mais avec des images. On fait tous les calculs à l’aide du triangle, carré… et ensuite on remplace les formes géométriques par le chiffre et là ça devient plus facile.

On remet des définitions, on recréé un imaginaire. J’utilise tout le temps des images.

La manière dont on apprend les maths aujourd’hui, bien écouter sans trop poser de question, ne pas bouger va correspondre à environ 30 % des élèves. Les autres, ceux qui ont besoin de bouger, de dessiner, de voir, du mouvement, sont perdus.

UAALM : Finalement, le professeur, malgré lui, ne parle pas le même langage que certains de ses élèves.

Frédéric : C’est ça. Donc j’utilise beaucoup d’images, je les invite à utiliser leurs doigts. A l’école on leur apprend à ne pas compter sur leurs doigts ! Et bien si, on peut compter sur ses doigts.

Pourquoi on parle en douzaine d’œufs ? C’est parce qu’à l’époque le fermier allait chercher ses œufs en montrant sur ses doigts, chacun de nos doigts, quand on regarde la main de l’intérieur, est divisé en 3 parties. Une douzaine d’œufs, c’est 2 doigts.

Souvent, je leur rappelle aussi que les calculs qu’on fait aujourd’hui en chiffre datent du 18ème siècle. A l’époque il n’y avait que les savants qui utilisaient les chiffres comme on les utilise aujourd’hui. Avant on écrivait tous les calculs en toutes lettres ! Et là ils me répondent « Ça devait être super difficile !” et oui c’est pour cette raison qu’on a inventer de nouvelles méthodes pour rendre le calcul plus facile.

UAALM : Si tu avais 5 conseils a donner à un ado en difficulté, qu’est-ce que tu lui dirais ?

Frédéric :

  • n’est pas peur
  • si tu ne réussis pas ce n’est pas grave,
  • l’action précède l’envie donc mets toi au travail même si tu n’en as pas envie, l’envie viendra en travaillant,
  • le plaisir n’est pas au bout mais pendant l’effort,
  • les maths ne sont rien de plus qu’un langage. C’est comme lorsqu’on va dans un pays étranger, on apprend quelques mots qui vont nous aider : dire bonjour, merci etc… sans pour autant connaître parfaitement la langue.

UAALM : Que dirais-tu à un ado qui a peur pour son avenir parce qu’il n’a pas de bons résultats en maths ?

Frédéric : Je pense qu’à un moment donné, la vie t’emmène là où elle doit t’emmener. Si tu forces en permanence pour essayer d’obtenir quelque chose qui n’est pas faite pour toi, qui n’est qu’une illusion, tu seras malheureux.

Moi j’ai envie de leur dire d’y aller au feeling, le chemin se construira au fur et à mesure.

J’ai envie de leur dire de continuer à faire des efforts, de continuer à apprendre des choses parce qu’ils ont envie de les apprendre. N’abandonnez pas à la première difficulté.

Par contre ne forcez pas le destin pour aller dans des voies qui vous rendront malheureux.

UAALM : Et aux parents qui doivent accompagner leurs ados en difficulté, qu’aurais tu envie de leur dire ?

Frédéric : la plupart des parents me disent que leur enfant ne les écoute pas. Alors j’ai envie de dire aux parents de

  • c’est normal et lachez prise : aidez-le, surveillez mais laissez le faire ses propres erreurs. Laissez les se tromper.
  • chronométrer le temps d’écran pour leur montrer le temps qu’ils passent sur les écrans. Il est difficile ensuite de rester concentrer, ils ne pensent qu’à leurs écrans. Donc mettre en place un protocole de réduction d’écran. Que l’écran soit permis une fois que le travail est terminé.
  • enfin, déculpabiliser. C’est normal que ce soit difficile pour les parents, il ne faut pas culpabiliser. Et si ça devient vraiment trop compliqué ne pas hésiter à passer la main à quelqu’un d’extérieur (oncle, tante, cousin, ami etc…) ou un professionnel.

UAALM : Merci beaucoup Frédéric pour cet échange qui, j’espère, apportera aux parents, une nouvelle façon d’appréhender les maths avec leurs ados.

Frédéric : merci à toi Stéphanie, c’était un plaisir.

Frédéric Armanet exerce sur la commune de Vaulnavey Le Haut, Uriage et Vizille.

Voici le lien vers son blog ainsi qu’un article présentant son activité.

Pour contacter Frédréric :

06 74 51 13 36
frederic.armanet@orange.fr

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