Mon ado vit un moment difficile qu’est-ce que je lui dis ?
Comment accompagner un ado qui vit un moment difficile ?
Une rupture amoureuse, la période de confinement que nous vivons actuellement ou une difficulté avec un ami, ou même une note, une réprimande d’un professeur ou d’un parent ou toute autre situation qui engendre des fortes émotions ?
En tant que parent, oncle, tante, grand parent, nous nous sentons parfois désemparés.
Pour ma part, je me suis souvent sentie maladroite quand l’un de mes enfants ou même mes amis vivaient des moments difficiles.
Alors voici deux méthodes qui peuvent vous aider à accompagner un ado (mais aussi un adulte ou un jeune enfant) dans un moment difficile.
MON ADO VIT UN MOMENT DIFFICILE QU’EST-CE QUE JE LUI DIS ?
1 – LES QUESTIONS DE L’ELFE
Cette première méthode vient d’une série d’études réalisées par Marian STUART psychothérapeute et Joseph Lieberman psychiatre. En enregistrant plusieurs dizaines de conversation de médecins avec leurs patients, ils ont pu identifier les médecins qui avaient un don particulier pour l’écoute de leurs patients et ainsi établir une méthode d’écoute efficace.
Cette méthode est décrite par David Servan-Schreiber dans son livre “Guérir le stress, l’anxiété et la dépression sans médicaments ni psychanalyse”.
“Comme dans les contes de fées, c’est l’ELFE qui transforme le quotidien banal en un instant magique”
Q pour Que s’est-il passé ?
Pour commencer, il est important de se connecter à votre ado qui souffre. Et le meilleur moyen de se connecter est qu’il vous raconte se qu’il s’est passé et le fait souffrir.
Il n’est pas nécessaire de rentrer dans les détails. Le plus important est de laisser votre ado s’exprimer en l’interrompant le moins possible pendant 3 minutes.
Au-delà de 3 minutes votre ado risque de se perdre dans les détails et ce n’est pas là l’essentiel.
David Servan-Schreiber rappelle que “l’essentiel au fond, ce ne sont jamais les faits, mais les émotions. Il faut donc rapidement passer à la deuxième question”.
E pour Émotion : quelle émotion as-tu ressentie ?
Il n’est pas toujours facile pour un jeune de décrire son émotion.
Peut être votre ado aura besoin que vous l’aidiez à mettre des mots sur ce qu’il ressent : de la peur, du mépris, de la honte, du stress etc…
L pour Le plus difficile : Qu’est-ce qui a été le plus difficile pour toi ?
C’est la question la plus importante
David Servan-Schreiber explique que le meilleur moyen de ne pas se noyer dans l’émotion, c’est de plonger jusqu’au fond, au coeur de la douleur.
Cette question permet de focaliser son attention sur ce qui fait le plus mal, d’identifier l’origine exacte de la douleur.
En effet, sans cette focalisation, l’esprit a tendance à partir dans toutes les directions.
F pour Faire face : Et qu’est-ce qui t’aide le plus à faire face ?
Cette question permet au jeune d’identifier les ressources qu’il a en lui, autour de lui et qui peuvent l’aider.
Ne sous estimons pas la capacité de nos ados à se sortir de situations difficiles.
Et puis, David Servan-Schreiber explique que le rôle le plus bénéfique que nous puissions avoir est d’être là. Simplement là et accompagner plutôt que proposer des solutions.
E pour Empathie :
Pour clôturer l’échange, nous pouvons exprimer avec des mots sincères ce que nous avons éprouvé en écoutant notre ado.
“ Ça doit être difficile pour toi” “je suis désolée de ce qui t’arrive” “j’étais ému(e) en t’écoutant”.
2 – LA MÉTHODE PARA
Cette méthode est expliquée par Illona Boniwell et Charles Martin-Krumm dans leur livre “Pour des ados motivés : les apports de la psychologie positive”.
Le but est de permettre au jeune de se rendre compte de ses réactions automatiques pour pouvoir faire face aux futures situations problématiques.
Cette méthode permet donc de développer la résilience.
P pour Perception
C’est la perception qu’a le jeune de la situation. Par exemple s’il obtient une note il pourra considérer qu’elle est mauvaise ou s’il s’agit d’une réprimande il pourra penser que ses parents ne l’aiment pas.
A pour Autopliot – le pilote automatique
C’est le déclenchement du monologue interne. Par exemple le jeune peut penser que c’est toujours pareil, quoiqu’il fasse rien ne change, que ça ne sert à rien de faire des efforts.
Il est possible alors d’identifier l’émotion qu’engendre ce monologue. Dans le cas de la note ça peut être du découragement, de la honte, de la colère.
Nous pouvons donc demander à notre ado s’il a des petites voies qui lui parlent insidieusement.
Le but étant de prendre conscience de ces voies, de ce monologue interne. pour pouvoir le stopper et prendre du recul.
R pour Réaction
Les réactions peuvent être variées comme ne plus vouloir aller en cours ou rester cloîtré dans sa chambre.
L’idée là est de dire “STOP !”
Une fois le monologue identifié il est alors possible de dire stop et d’inviter le jeune à trouver ce qui peut l’aider à se calmer (écouter de la musique, pratiquer une activité physique, lire etc…) pour pouvoir prendre du recul.
A pour Apprentissage
Une fois le calme retrouvé l’idée ici est de permettre au jeune d’identifier d’autres explications que celles auxquelles il a recours spontanément.
Ou encore de réfléchir aux apprentissages qu’il va tirer de cet enchaînement de pensées.
Il peut réfléchir aux conséquences de ses réactions, anticiper leurs effets ou réfléchir à d’autres solutions que celles qui lui sont venues spontanément à l’esprit
Les auteurs nous expliquent qu’il est urgent de stopper le monologue interne. Souvent la phase de perception est inconsciente et le jeune est directement connecté à ses émotions, ce qui va le faire réagir.
C’est comme s’il perdait la maîtrise de ce qui lui arrive et qu’il n’avait aucune prise sur l’enchaînement des événements.
Le rôle du parent finalement tient essentiellement dans l’ÉCOUTE et le SOUTIEN en incitant le jeune à prendre du recul, à ne pas réagir à chaud, à rechercher des explications alternatives pour faire face à l’adversité.
Nous pouvons alors inviter notre ado à parler de sa perception des choses. Lui expliquer que ce qu’il perçoit ne reflète pas forcément la réalité en l’aidant à prendre conscience des “pilotes automatiques” qui s’enclenchent, des petites phrases, des monologues internes qui vont le rendre incapable de réagir sereinement.
CONCLUSION
J’espère que ces outils vous aideront à accompagner vos ados dans les moments difficiles.
Je trouve la méthode ELFE très puissante dans le sens où finalement, le plus important pour la personne qui vit un moment difficile est de se sentir écoutée.
La méthode PARA, elle, permet à mon avis de mieux comprendre comment l’ado se retrouve en mode réaction à son monologue intérieur. Et lui permettre d’en prendre conscience est un premier pas vers la prise de recul.
Si vous aussi vous avez des astuces ou des mots que vous savez utiles ou qui font du bien pour traverser une période difficile, n’hésitez pas à nous les partager en commentaire.
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2 commentaires
Sylvie
La méthode Elfe fait vraiment écho en moi. L’écoute, juste l’écoute, permet parfois de trouver un réconfort quand on est pris dans un tsunami émotionnel. Et non la recherche de solutions. Parce que parfois, on n’est même pas prêts à l’entendre, ou même l’envisager cette solution. Et il est difficile de trouver quelqu’un qui sera juste là, attentif et empathique…
Je note les phrases 🙂
Stéphanie
C’est vrai. Et en tant que parent nous avons tellement envie que notre enfant se sente mieux que nous pouvons être tenté de lui proposer des solutions. Nous voulons tous bien faire.