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Et vous comment faites vous avec vos ados ? #6 L’interview de Sandrine

Aujourd’hui, je vous invite à découvrir le quotidien de Sandrine, 45 ans.

Sandrine est mariée et maman de deux ados, Benjamin 17 ans et Gregory 14 ans.

Dans cet échange nous abordons les sujets de la communication, pas toujours aisée avec un ado, et de l’addiction aux écrans.

Et vous, comment faites vous avec vos ados ?

Bonjour Sandrine, merci de m'accorder cette interview ! Raconte nous, comment est l'ambiance chez toi avec deux ados ?

C’est rock & roll ! C’est comme dans toutes relations humaines, il y a des facilités et des difficultés. J’ai deux enfants qui ont des profils tout à fait différents.

Avec l’aîné il y a plus souvent des conflits, il adore s’opposer ! Quand je dis blanc, il dit noir ! Parfois je me dis, je devrais dire noir comme ça il va dire blanc ! En même temps ce n’est pas quelque chose que je subis dans le sens où je trouve très positif qu’il puisse ne pas être d’accord. Et puis je sais que ça fait partie de l’adolescence de s’opposer au parent pour pouvoir se créer soi-même.

En général j’accueille, après quand on est dans la tourmente, il faut délier les nœuds mais c’est pour nous faire avancer.

Et le plus jeune alors ?

Le plus jeune c’est l’opposé. Il est plus posé, plus calme, plus doux, plus calin. Deux ados vraiment différents dans leur comportement. C’est comme si l’un était Ying et l’autre Yang !

Quelles sont les difficultés que tu rencontres au quotidien avec tes ados ?

L’aîné par exemple ne supporte pas les remarques. Quand je lui dis quelque chose, il prend toujours ça pour une attaque personnelle.

Je ne suis pas quelqu’un de directif, je ne lui dis pas “tu dois faire ça”.

Pour moi une famille c’est plutôt comme une équipe, une communauté. Et, ce n’est pas parce que je suis leur maman que j’ai tous les pouvoirs du monde.

J’ai beaucoup de respect pour eux et notamment pour ses colères et pour le fait qu’il ne veuille pas que je lui fasse de remarque. Maintenant je mets un peu plus de « baume kamol » pour éviter l’affrontement et là ça passe mieux.

Et que fais-tu exactement quand tu mets du "baume kamol" ?

Je suis moins cash et directe. En général, je ne prends pas 10 000 chemins pour dire les choses.

Maintenant j’essaie de lui expliquer les choses comme “tiens je t’ai demandé de vider le lave vaisselle, c’est parce que j’ai besoin d’aide”. Donc mettre du baume kamol c’est mettre plus de contexte autour de ce que je vais lui dire.

Un tout autre sujet, comment gérez-vous les écrans avec vos ados ?

C’est un gros sujet !

Ils ont pu avoir un téléphone à l’entrée au collège. Au départ, la seule règle c’était de ne pas dormir avec le téléphone dans la chambre.

Le plus jeune est un geek par rapport à son frère. Il a toujours été féru de jeux.

En 6ème, il est devenu accro à Fortnite. Ce jeu influait sur son comportement. Il devenait très agressif, même dans son langage et il a commencé à être en décrochage scolaire. Je ne me suis pas méfiée de ce jeu. Je trouvais chouette de pouvoir jouer en ligne avec ses copains et de se faire d’autres copains à travers le monde par le biais du jeu.

Et en discutant avec d’autres mamans et des spécialistes, c’est un jeu qui rend les enfants agressifs. On avait toutes le même souci avec nos enfants.

Avant, on avait des enfants qui participaient à la vie de famille et là nos ados, qui pourtant étaient jeunes (12-13 ans) étaient devenus agressifs, n’étaient plus dans la vie de famille. Ils ne parlaient que de ce jeu, c’était leur seul sujet de conversation.

Avais-tu l’impression que ton ado s’isolait ?

A ce moment-là pourtant l’ordinateur était dans la pièce commune.

Je ne me méfiais pas parce que je me disais que c’était sous contrôle, je le voyais sur son jeu, il rigolait.

C’est au bout de quelque mois, et ça se passe petit à petit, c’est insidieux. Ce n’est pas parce qu’il commence à jouer à ce jeu que les choses changent tout de suite. C’est plus lent, c’est un peu comme l’alcoolisme.

Comment vous en êtes-vous sortis ?

Comme ça se passait mal à l’école, on a instauré des règles. Il ne pouvait jouer que le weekend.

Ça a été la révolution parce qu’il n’était pas d’accord. Et finalement il a compris. On lui a expliqué que tant que ses résultats scolaires ne seraient pas meilleurs, il ne jouerait pas.

Au début, on lui a même complément supprimé l’accès au jeu. Et quand ça a commencé à aller mieux, on lui a autorisé le weekend. Son comportement a immédiatement changé, il est redevenu l’ado sympa.

Elle a duré combien de temps cette période où il ne pouvait pas jouer ?

Pendant 1 an, 1 an 1/12. Aujourd’hui on en est toujours à une autorisation uniquement le weekend. Cette rentrée, ça se passe beaucoup mieux à l’école. Donc on n’a plus ce levier pour justifier notre position. Du coup on l’autorise à jouer le mercredi pendant une heure.

On a aussi mis des règles pour le weekend parce qu’il était capable de se lever à 6h du matin pour descendre jouer. Donc la règle pour le weekend c’est pas avant 11h et maximum jusqu’à 18h. Puis on s’est rendu compte qu’il jouait pendant toute cette plage horaire. Donc on a encore réduit et il a droit à 2 – 3 heures par jour le weekend, pas plus.

En fait on voit dans son comportement, quand il a fini de jouer, il est tout nerveux. Et maintenant qu’il fait moins d’heures, ça se passe beaucoup mieux.

Comme quoi, ils ont besoin d’avoir des règles nos ados...

Et comme moi qui suis naïve et optimiste, je me dis “c’est bon, on a mis la règle en place” et bien non, il faut l’affiner, se remettre en question, l’affuter.

C’est plus intéressant de bouger les règles, d’écouter les besoins de l’enfant et du parent pour que ça se rejoignent plutôt qu’être trop rigide comme pouvaient l’être nos parents !

Et l'aîné, quel est son rapport aux écrans ?

Depuis le premier confinement, il regarde beaucoup plus de vidéos, de séries. En même temps, le téléphone lui a permis de garder le contact avec ses amis. Les écrans ont donc plutôt eu un impact positif sur lui.

Je trouve que lorsque tu interdis quelque chose, l’enfant en a envie. C’est comme avec les bonbons ou la télé. On met un cadre, une règle assez laxiste de manière à ce que d’eux même ils se régulent.

Si tu avais un ou plusieurs conseils à donner aux parents d’ados ?

Le dialogue et beaucoup d’amour.

C’est la capacité à voir au-delà. Quand un ado se comporte de manière infecte, plutôt que de le prendre pour une affaire personnelle, se dire, je l’aime fondamentalement, c’est un être exceptionnel, il se comporte juste comme un trou du cul en ce moment ! On va tâcher de dialoguer, de voir ce qu’il se passe.

Je crois que le pire est de perdre le dialogue. Etre à l’écoute, vraiment les écouter.

Ne pas avoir ce côté patriarcal ou matriarcal où tu as l’adulte au-dessus et l’ado en dessous.

Échanger, écouter, se remettre en question, faire parler nos enfants. On peut avoir les meilleures intentions du monde et être maladroit dans la mise en application. Donc rester dans le dialogue, et se remettre en question. Prendre ça avec légèreté.

Un grand MERCI Sandrine pour ton partage et ton authenticité.

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